ajax error

This action generated an error, probably on our side, you can reload this page and retry

Error reason : unknown

Yves Rocher
0
Retour

Entrevue avec Catherine Éthier

Reconnue et adorée pour son style unique, sa personnalité effervescente et son humour mordant, la chroniqueuse Catherine Éthier fait des adeptes partout où elle passe.

C'est avec courage et humilité que la talentueuse créatrice nous parle de son combat contre le syndrome d'achat compulsif.

Quand avez-vous réalisé que votre consommation était devenue problématique?

J'ai un problème d'achat compulsif depuis plusieurs années. J'arrive à y faire face, maintenant, et je travaille à gérer les conséquences, mais ces dernières années ont été très éprouvantes. C'est important pour moi de parler de ce que je vis. Ça fait partie de mon cheminement, d'une part, mais il y a une grande force dans le fait de nommer ces choses-là, de briser l'image parfaite que le public peut se faire de nous et d’utiliser son vécu pour aider les autres.

J'ai commencé à perdre pied il y a environ deux ans. J'ai toujours aimé acheter des vêtements et des accessoires, mais le magasinage en ligne était devenu une forme de fuite. Pendant la rédaction d'un texte qui me stressait, par exemple, je pouvais aller cinq fois sur une boutique en ligne.

Je voyais ça comme de la simple procrastination, comme faire la vaisselle ou perdre du temps sur Instagram, mais avec des bottes à 500 $. J'étais accro à l'ivresse qui vient avec l'acte d'acheter en ligne, aussi brève soit-elle, et je rationalisais mes dépenses en me disant que j'avais besoin d'être fashion pour mon travail. En réalité, j'avais assez de vêtements pour tous les lancements de la Terre pour les dix prochaines années.

 

Comment êtes-vous arrivée à vous en sortir?

J'en ai parlé autour de moi. J'ai attendu longtemps, parce que je ne suis pas quelqu'un qui parle de ses difficultés, mais au point où j'en étais, je n'avais plus le choix. J'avais touché le fond. J'avais honte de cette dépendance que je trouvais absurde, de ce problème de privilégiée, de cette consommation compulsive qui allait totalement à l'encontre de mes valeurs. Je n'arrivais pas à m'accorder la compassion et la tendresse dont j'avais besoin pour remonter la pente, mais mes proches, eux, ont su le faire.

Je savais que j'avais un problème, mais ce n'est que lorsque j'en ai parlé que j'ai compris que j'avais besoin d'aide, que je n'étais pas une mauvaise personne et qu'il existait des solutions. Il m'a fallu l'admettre à d'autres pour commencer à me pardonner et recommencer à respirer, en quelque sorte. Parler, c'est la dernière frontière de la honte.

Quels sont les outils qui vous aident le plus dans votre combat contre cette dépendance?

Il existe plusieurs approches, mais pour moi, c'est très bénéfique de réfléchir profondément à ma manière de consommer. Au lieu de me laisser aveugler par les soldes, je tente de privilégier la qualité, la production responsable et l'achat local. Heureusement, il existe plusieurs ressources pour apprendre à mieux gérer sa consommation et, parallèlement, nombre de professionnels capables de nous aider à reprendre le contrôle de nos finances.

Tout le monde surconsomme, à un degré ou à un autre, et la société dans laquelle nous vivons nous pousse sans cesse à acheter sans réfléchir aux conséquences. Penser aux individus, bien réels, sur qui mes achats ont un impact m'aide énormément. Ce ne sont pas que des objets; il y a des personnes à l'autre bout.

Finalement, en parler avec les autres m'est très bénéfique. Quand on est dans la honte et le jugement, on sous-estime toujours l'empathie et la compréhension dont les autres sont capables. Réaliser qu'on n'est pas seul, et qu'il existe des outils pour s'en sortir, ça fait toute la différence.

Share

Produit ajouté à votre wishlist.Voir ma wishlist.